Pourquoi devrions-nous noter autrement?
Initiation aux pratiques alternatives de notation - 1
« Les pratiques d’évaluation à interprétation critériée sont celles qui permettent de prendre les meilleures décisions relatives aux deux finalités essentielles de l’évaluation : elles soutiennent l’apprentissage et elles témoignent des acquis de façon plus précise que le cumul de points. » (Conseil supérieur de l’éducation, 2018, p.71)
La notation est une étape cruciale de l’évaluation. En effet, noter, c’est résumer le jugement évaluatif, c’est-à-dire le jugement quant au degré d’atteinte des cibles d’apprentissages, par un symbole pour en faciliter la communication et l’utilisation par les parties prenantes, l’élève d’abord, mais aussi l’enseignant·e, les autres enseignant·es, l’administration scolaire, etc. On comprend donc que les notes ont une importance déterminante dans le parcours scolaire et éducatif d’une personne.[1]
Selon le Conseil supérieur de l’éducation, les finalités de l’évaluation, dont la notation fait partie, sont :
1- soutenir les apprentissages,
2- témoigner des acquis.
Ainsi, une notation efficace serait une notation qui contribue à ces finalités.
Les pratiques habituelles de notation, au niveau collégial québécois, impliquent d’attribuer, pendant la session, des points à chaque évaluation sommative, puis d’additionner ces points ou d’en calculer une moyenne pondérée pour composer la note finale.
Il est aisé de démontrer sans aucun cynisme que ces pratiques habituelles ne soutiennent ni l’une ni l’autre des finalités de l’évaluations. En effet, comme toutes les évaluations sommatives comptent dans la note finale, les erreurs initiales de parcours, pendant l’apprentissage, influencent mathématiquement la note finale, même si des apprentissages ultérieurs ont été réalisés : la note finale ne témoigne pas justement des acquis à la fin de la session.
De plus, même lorsque de la rétroaction constructive est fournie par la personne enseignante, sans possibilité pour la personne étudiante de réviser son travail ou de démontrer une amélioration des apprentissages, cette dernière considère rarement avec attention la rétroaction. Ainsi, la rétroaction soutient peu l’apprentissage.
La solution à ce double problème est aussi simple qu’elle est révolutionnaire. Il s’agit d’offrir des occasions multiples de démontrer les apprentissages – parfois, c’est aussi simple que de planifier deux tests sur le même sujet – et de composer la note finale à partir des traces les plus représentatives de ces apprentissages, à la fin de la session. Les pratiques qui réalisent cela sont les pratiques alternatives de notation (PAN). Elles sont aussi multiples et variées, pour répondre aux besoins de contextes d’apprentissage et d’évaluation variés, que les pratiques habituelles de notation sont monolithiques. Adopter les PAN, ce n’est rien de moins que s’accorder la liberté pédagogique d’exercer son jugement évaluatif en cohérence avec les processus avérés des apprentissages.
Dans les prochains billets de ce blogue, nous vous présenterons en détails ce que sont les PAN et ce qu’elles permettent. Nous vous proposerons aussi des méthodes pour les implanter dans une variété de contextes.
[1] Il est possible de remettre en question cette importance des notes, en imaginant un système éducatif fort différent du nôtre, mais là n’est pas notre objectif.
Références
Conseil supérieur de l’éducation. (2018). Rapport sur l’état et les besoins de l’éducation 2016-2018 – Évaluer pour que ça compte vraiment. Gouvernement du Québec. https://www.cse.gouv.qc.ca/wp-content/uploads/2020/01/50-0508-RF-evaluer-compte-vraiment-REBE-16-18.pdf

